APPEL À AGIR : Mixité dans la tech : l’atout maître post-Covid
Le 08/03/2021 - 00h00
Les connaissez-vous ? Katalin Kariko, Laurence Devillers, Esperanza Martinez Romero, Ritu Karidhal, ou bien Catherine Ngila ? Non ? Et pourtant, venues de cinq continents, ces femmes sont, aujourd’hui, à l’origine d’innovations primordiales. Katalyn Kariko est l’inventrice de la technologie ARN messager utilisée dans les vaccins contre le [Covid-19]. Laurence Devillers est une pionnière de l’intelligence artificielle éthique, un enjeu décisif pour le respect de nos droits, libertés et démocraties à l'ère du numérique. Esperanza Martinez Romeo a développé des bactéries qui augmentent la productivité en agriculture tout en respectant l’environnement. Grâce à Ritu Karidhal l’Inde est le 4ᵉ pays à avoir piloté avec succès une mission d’exploration sur Mars. Et Catherine Ngila met les nanotechnologies au service de l’analyse et l’élimination des polluants dans l’eau, technologie déterminante pour la gestion des ressources en eau dans le monde.
La liste est longue de ces femmes souvent méconnues. Et pourtant elles sont là ! Au front ! Chacune d’entre elles contribue à un combat vital pour nous toutes et tous.
Mais les obstacles à surmonter pour y parvenir sont innombrables. Dès l’école, elles doivent faire face aux stéréotypes selon lesquels les filles sont moins douées que les garçons pour les maths, alors que, les travaux scientifiques le démontrent clairement : c’est faux ! Résultat ? Moins de femmes dans les études scientifiques et techniques, où elles représentent 34 % des diplômés dans le monde (1). Cette chute s’aggrave ensuite sur le marché de travail notamment en raison du sexisme. Aujourd’hui les femmes ne représentent que 28% des scientifiques et ingénieurs à l’international (2). Depuis 5 ans en partenariat avec un nombre croissant d’associations et d’organisations Gender Scan (3) met en évidence les obstacles persistants, mais aussi les premières réussites (4)!
Il est urgent de cesser de se priver des compétences de la moitié de l’humanité, alors même que la gravité des défis s’accroit. Il est urgent d’agir.
Gender Scan, avec un collectif de plusieurs centaines d’organisations et associations dans le monde et ECLS (5) en France, suggère aux gouvernements une première mesure simple : publier officiellement chaque année un classement national des formations scientifiques et techniques, en fonction de la proportion d’étudiantes diplômées. Compter, c’est essentiel. Les scientifiques le savent bien, les décideurs des secteurs publics et privés aussi. Une telle mesure permettrait d’évaluer la capacité des formations universitaires en science et technique à attirer et former les femmes dont la recherche et les entreprises ont besoin. Elle permettrait d’identifier et d’engager les mesures correctrices nécessaires.
Cette tribune a été signée notamment par Didier Carré, président de l'Institut G9+.
Claudine Schmuck
Institut G9+ | Science Po Alumni – Numérique
Auteure de l'étude Gender scan et initiatrice de l'appel
L'enquête Gender Scan est une étude internationale - en partenariat avec l'UNESCO et des associations internationales - sur les femmes dans les métiers scientifiques et techniques. © https://www.genderscan.org/
- Source : Unesco, analyse Gender Scan.
- Source : Organisation Mondiale du Travail, analyse Gender Scan.
- Gender Scan, étude de référence sur la mixité dans les STIM, voir les données mondiales publiées dans Women in STEM disciplines, Springer, 2017.
- Premier impact positif des politiques d’égalité professionnelle dans les grands groupes de la tech, avec une augmentation de 20% des salarié.es satisfait.es par l’organisation du travail et la gestion de carrière (source : Gender Scan 2019)
- ECLS : Ensemble contre le Sexisme.